En 1937, deux camps composés de baraques en dur sont construits à Noé mais aussi à Portet-sur-Garonne, quartier Récébédou, pour loger les ouvriers de la Poudrerie à Toulouse. Ces deux sites sont distants d’environ 3kms des gares les plus proches, respectivement Longages-Noé et Portet-Saint-Simon.
En 1938, le gouvernement Daladier sous la 3e République et le mandat du président Albert Lebrun développe en France un réseau très développé de camps d’internement administratif pour enfermer des étrangers et autres « indésirables » (exilés allemands, autrichiens, italiens). Le camp de Noé, vidé de ses ouvriers, va intégrer ce réseau de camps de rétention administrative. Après la défaite des républicains lors de la guerre civile espagnole et la Retirada en février 1939, les camps d’internement sont utilisés pour « accueillir » ces dizaines de milliers de réfugiés. Mais les conditions de vie se dégradent très vite, la précarité et de dénuement des internés deviennent la règle. Avec l’entrée en guerre en septembre 1939 de la France contre l’Allemagne nazie et la mobilisation générale, le besoin de main d’œuvre dans les usines et les champs notamment va entraîner la réquisition des hommes internés et la création de GTE et/ou CTE (Groupement de Travailleurs Etrangers, Compagnie de Travailleurs Etrangers).
Alors que la France perd la guerre contre l’Allemagne nazie et que le régime de Vichy se met en place à l’été 1940, les camps de Noé et du Récébédou sont choisis pour accueillir une population d’internés âgés, malades et infirmes, ainsi que des familles (réfugiés espagnols, du nord de la France, belges, hollandais, etc.). Ce qui leur vaut le nom de « camps hôpitaux », ce qu’ils ne sont en aucun cas. Pour autant, ces deux camps participent aussi de la politique de répression des opposants politiques de l’Etat français. Une population extrêmement diverse se côtoient donc au camp de Noé.
A partir de l’été 1942, la participation du régime de Vichy aux arrestations, rafles et déportations à l’encontre des populations juives, étrangères ou françaises, s’intensifie. Les personnes juives arrêtées sont regroupées dans les camps d’internement avant d’être livrées en zone occupée aux autorités nazis. Ainsi les camps de Noé et du Récébédou deviennent les points de départ de la déportation de milliers de personnes en vue de leur extermination dans les camps en Pologne.
Pour en savoir plus, un ouvrage à lire : Le camp de Noé 1941-1947 d’Éric Malo.